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Qu’est-ce que ce dictionnaire ?

Le dictionnaire de judéo-marocain recouvre le lexique de tous les parlers arabes des Juifs du Maroc sous ses formes orales et écrites. Le lexique présent est tiré d’enquêtes de terrain, de textes publiés, de littérature, d’études académiques, d’enregistrements, de lexiques ou dictionnaires déjà existants, de discussions des réseaux sociaux ainsi que de textes ou recueils inédits. Le détail des sources est consultable dans la rubrique « sources ».

Comment chercher un mot ?

Les entrées du dictionnaire sont organisées en fonction de formes de référence de l’arabe marocain standard. En effet, les variétés juives de l’arabe marocain sont diverses, chaque mot connait de nombreuses variantes, à l’oral en termes de prononciation ou à l’écrit en termes de notation orthographique. Aussi, dans le but de rassembler différentes formes régionales, il a été choisi de les regrouper sous les formes de référence du dialecte standard, même s’il arrive que ces formes ne soient presque jamais attestées dans les dialectes juifs.

Compte tenu des spécificités d’ordre phonétique et phonologique de ces parlers, il faudra acquérir certains reflexes dans la recherche. D’abord se souvenir que les parlers judéomarocains ont le plus souvent amalgamé certains sons comme /š/ (ש) et /s/ (ס) réduits à /s/ (ס). Ils présentent aussi souvent une faible intensité de la réalisation des consonnes dites « emphatiques » qui sont ainsi parfois amalgamées à leurs pendants non-emphatiques, dans la prononciation effective comme dans les rendus à l’écrit : /s/ (ס) et /ṣ/ (צ) sont souvent notés ס, ou encore /d/ (ד) et /ḍ/ (צ̇) notés ד.

Au niveau de la recherche dans le dictionnaire, il faut alors avoir en tête qu’un mot noté avec ס dans un texte peut-être classé à צ dans le dictionnaire ou même à ש en fonction de son étymologie.

Quelques exemples :

  • le verbe « voir », en judéo-marocain sāf se trouve le plus souvent noté סאף̇ dans les textes en caractères hébreux. Pourtant, le /s/ de sāf est issu d’un /š/ (ch) étymologique, comme le propose l’arabe marocain standard šāf. C’est donc à שאף̇ (šāf) qu’il faudra chercher dans le dictionnaire.
  • L’adjectif « maigre » est souvent noté דעיף̇ en judéo-marocain. Pourtant le son /d/ de ce mot est « emphatique » en marocain standard /ḍ/. C’est donc à צ̇עיף̇ qu’il  se trouvera dans le dictionnaire.

L’utilisateur du dictionnaire devra s’habituer à tenter plusieurs formules dans ses recherches. C’est-à-dire alterner les chuintantes et les sifflantes (ס, ש, ז, צ, ג̣), les consonnes emphatiques et non emphatiques (ד-צ̇, ס-צ, ת-ט) et les sourdes et sonores (ד-ת, ס-ז, ט-צ̇). Toutefois, afin d’atténuer un maximum ces difficultés inhérentes à la nature composite du dialecte et de ses notations non uniformisées, il a été ajouté pour chaque élément du lexique un certain nombre de formes rejetées qui devraient réorienter automatiquement l’utilisateur sur le terme recherché. Ci dessous figure un tableau regroupant les différentes notations et réalisations à connaître.


Tableau d’aide et de notation

Car. hébreuCar. latinsPrononciationEcriture arabe
אˀ, āarrêt glotal ou bien voyelle /a/ longueا,ء
בb, ḅproche du /b/ du français, parfois pharyngaliséب
גgproche du /g/ dur du françaisڤ ,گ
ג̣žproche du/j/ du français, souvent prononcé /z/ dans les parlers judéo-marocains (et peut donc être noté ז)ج
ג֗ġ, xproche du /r/ “parisien”, parfois assourdi en /x/ proche du /ch/ allemand (peut dans ce cas être noté directement כ֗)غ
דd, ḍproche du /d/ français, parfois pharygalisé /ḍ/ (peut dans ce cas être noté צ֗ )د
הhproche du /h/ anglaisه
וw, ū, ō, u, onote la consonne /w/ ou bien la voyelle correspondante réalisé /u/, /o/ ou /eu/ (selon le contexte morphophonétique ou les variantes dialectales)و
זz, ẓproche du /z/ français (ou à mi chemin entre /z/ et /j/)ز
חconsonne pharyngale sourde, comme le h du prénom Muḥammadح
ט/t/ “emphatique”, c’est à dire avec resserement du pharynx et dos de la langue sur le voile du palaisط
יy, ī, ē, i, enote la consonne /y/ ou la voyelle correspondante réalisé /i/ ou /e/ (selon le contexte morpho-phonétique ou les variantes dialectales)ي
כ-ךk, ḳproche du /k/ français, peut aussi être réalisé plus en arrièreك
כ֗-ך֗xproche du /ch/ allemand ou de la jota espagnoleخ
לl, ḷproche du /l/ français, parfois pharyngaliséل
מ-םm, ṃproche du /m/ français, parfois pharyngaliséم
נ-ןn, ṇproche du /n/ français, parfois pharyngaliséن
סs, ṣproche du /s/ français, parfois pharyngaliséس
עˁconsonne pharyngale sonore, comme devant le /a/ du prénom arabe ˁAliع
פ-ףp, ṗproche du /p/ français, parfois pharyngalisé. Peut dans certains cas se réaliser /f/ dans les emprunts à l’hébreuپ
צ-ץ/s/ “emphatique”, c’est à dire avec resserement du pharynx et dos de la langue sur le voile du palais (parfois réalisé /s/ standard et noté ס )ص
צ֗-ץ֗ḍ, ṭ/d/ “emphatique”, c’est à dire avec resserement du pharynx et le dos de la langue sur le
voile du palais (parfois réalisé /d/ standard et noté ד, ou assourdi en /t/ emphatique
ou non emphatique et donc noté ט ou ת )
ض
קq, ˀ, g, k, ḳ/k/ uvulaire, comme dans le prénom arabe Qader mais prononciation très fluctuante selon les dialectes et peut donc être réalisée en arrêt glotal /ˀ/ et noté א (Fès, Sefrou), sonorisé /g/ noté ג (emprunts parlers bédouins), en vélaire /k/ notée כ (Tafilalet).ق
רr, ṛproche du /r/ roulé espagnol, parfois pharygaliséeر
שš, sproche du /ch/ français, le plus souvent réalisée /s/ et noté ס ou entre /s/ et /š/ش
תtproche du /t/ français, souvent réalisée affriquée /ts/ت